Paroles et Musique : Pierre DUPONT

 

 

LE CHANT DES OUVRIERS

 

Nous dont la lampe le matin
Au clairon du coq se rallume
Nous tous qu'un salaire incertain
Ramène avant l'aube à l'enclume
Nous qui des bras des pieds des mains
De tout le corps luttons sans cesse
Sans abriter nos lendemains
Contre le froid et la vieillesse

REFRAIN
Aimons-nous et quand nous pouvons
Nous unir pour boire à la ronde
Que le canon se taise ou gronde
Buvons (ter)
A l'indépendance du monde !

Nos bras sans relâche tendus
Aux flots jaloux au sol avare
Ravissent leurs trésors perdus
Ce qui nourrit et ce qui pare
Perles diamants et métaux
Fruit du coteau grain de la plaine
Pauvres moutons quels bons manteaux
Ils se tissent avec notre laine !

Quel fruit tirons-nous du labeur
Qui courbe nos maigres échines 
Où vont les flots de nos sueurs 
Nous ne sommes que des machines
Nos Babels montent jusqu'au ciel
La terre nous doit ses merveilles 
Dès qu'elles ont fini le miel
Le maître chasse les abeilles

Au fils chétif d'un étranger
Nos femmes tendent leurs mamelles
Et lui plus tard croit déroger
En daignant s'asseoir auprès d'elles 
De nos jours le droit du seigneur
Pèse sur nous plus despotique 
Nos filles vendent leur honneur
Aux derniers courtauds de boutique

Mal vêtus logés dans des trous
Sous les combles dans les décombres
Nous vivons avec les hiboux
Et les larrons amis des ombres 
Cependant notre sang vermeil
Coule impétueux dans nos veines 
Nous nous plairions au grand soleil
Et sous les rameaux verts des chênes

A chaque fois que par torrents
Notre sang coule sur le monde
C'est toujours pour quelques tyrans
Que cette rosée est féconde 
Ménageons-le dorénavant
L'amour est plus fort que la guerre 
En attendant qu'un meilleur vent
Souffle du ciel ou de la terre